Né en 1948 à Marseille, Christian G. Guez Ricord manifeste très tôt un talent littéraire hors du commun. Ses premières tentatives poétiques sont couronnées de succès. A dix-sept ans, il remporte le prix Paul Valéry pour le recueil Embryonnaires, et rédige ce que l’on peut tenir pour sa « lettre du voyant » où il pose déjà les fondements de sa conception de la poésie et annonce les grands cycles poétiques à venir. Les exigences sont altières, les choix définitifs : « toute poésie est amour » et « espoir, le plus grand espoir depuis le Christ », elle ouvre l’« accès au sacré du Monde, à sa liberté, à l’Etre ».
L’essentiel de l’œuvre s’élabore sur dix ans. Après son séjour comme pensionnaire à l’Académie de France (Villa Médicis) à Rome, entre 1973-1974, Guez connaît une période d’intense création et d’échanges fertiles avec des amis poètes qui l’ont tout de suite reconnu comme leur pair (Pierre Oster, Michel Deguy, Yves Bonnefoy, Pierre Emmanuel, Bernard Noël, Salah Stétié). De la même époque datent de foisonnantes publications en revues, l’édition des principaux recueils (Cènes, Gallimard, 1976, La Monnaie des morts, Fata Morgana, 1979, La Tombée des nues, Le Lamparo, 1980, Le Dernier anneau, Fata Morgana, 1981, Maison Dieu, Granit, 1982, L’Annoncée, Spectres familiers, 1983, Neumes, Ryôan-Ji, 1983, Chambres, L’Alphée, 1984, La Mort a ses images, Thierry Bouchard, 1985), des émissions de radio ( France-Culture 1977, 1979, 1983, 1985) et la collaboration avec ses amis artistes plasticiens Anik Vinay et Bernard-Emile Souchière de l’Atelier des Grames.
Il meurt à quarante ans laissant une œuvre poétique, picturale et graphique d’une richesse rare, encore peu connue. Dix ans après sa disparition, Michel Deguy convient : « Guez serait notre Nerval, si l’époque était encore capable de cela ».
Le texte édité ici sous forme électronique représente la transcription du tapuscrit des archives de l’Atelier des Grames. Nous tenons à remercier Anik Vinay d’en avoir permis la présente publication.
Ana-Maria Gîrleanu-Guichard