De la même manière, mais avec des informations plus historiques, référence est faite au voyage de Cortès (fig. 3). Le cartouche est placé également sur l’Océan Pacifique, au Sud de la péninsule de Basse Californie.
En 1536 Fernand Cortez entra dans la Mer Vermeille dont il rangea 50 lieues de coste et revint à Acapulco. L’an 1539, il envoya trois vaisseaux qui découvrirent la coste de Culiacan et toute la Mer Vermeille jusques a 32 degr. de latitude septentrionale. Puis, après avoir rangé toute la coste, Fr. de Ulloa qui commandoit cette découverte doubla le Cap de Californie et s’avança par le dehors jusqu’à la même hauteur. Cette entreprise couta 400 mille [blanc] à Cortez.
Le texte qui fait référence à l’exploration de Cortès dans la Mer Vermeille se termine par la mention du coût des deux campagnes qu’elle nécessita. Le chiffre de 400 mille n’est pas suivi de la monnaie dans laquelle le coût est donné. L’espace prévu à cet effet est une indication supplémentaire du caractère inachevé des globes au moment du départ de Coronelli qui s’était installé à Paris pour leur réalisation entre 1681 et 1683. Mais nous disposons, pour le globe terrestre de Coronelli, d’une source supplémentaire. François Le Large, qui eut la charge de garde du globe terrestre pendant le temps de l’implantation des sphères au château de Marly (1704-1715), entreprit la transcription de toutes les légendes qui se trouvaient sur le globe, pour en faciliter la lecture [7]. Cette transcription, intitulée « Recueil des inscriptions, des remarques historiques et géographiques qui sont sur le Globe terrestre de Marly » est organisée, très logiquement, par ordre géographique, selon la longitude et la latitude du lieu, la Terre étant découpée en fuseaux de 5 degrés [8]. Et dans sa transcription, Le Large complète le texte, en précisant qu’il s’agit de 400 000 écus.
La référence aux voyages peut être moins directement explicite que lorsqu’un récit est placé à proximité de la zone concernée, comme dans le cas de l’exploration de Cortès. Il s’agit des scènes ou des petits dessins qui sont placés sur la surface du globe. Ces scènes sont particulièrement nombreuses sur le Brésil dont on sait qu’il a fasciné l’Europe du XVIe siècle, sur l’Asie dont les références sont à chercher plutôt dans la littérature médiévale... Mais, dans ce cas, les références ne se trouvent pas directement sur le globe. Nous avons la chance de disposer du résultat du souci de François Le Large de donner toutes les informations nécessaires. En effet, après la rédaction du « Recueil des Inscriptions », il se lança dans l’explication de ces figures, dont certaines étaient traitées, selon lui, avec « la fentaisie du peintre ». Pour cela il en rechercha les sources et demanda à « M. l’abbé de Louvois, le bibliothécaire de la Bibliothèque du Roi, de [lui] permettre de faire transporter tous les livres dont [il croyait] avoir besoin » [9]. Le Large a très souvent recours aux relations de voyage, citant l’auteur de la relation ou les grands recueils tels que ceux de Thévenot, etc. Mais la richesse de l’illustration est à la mesure du nombre de voyageurs qui ont parcouru chacune des régions du monde.
Ainsi, sur le continent australien, la « Nouvelle-Hollande » découverte et nommée par les Hollandais au début du XVIIe siècle, l’iconographie est tout à fait limitée, se faisant l’écho du faible intérêt que suscita alors cette découverte. On y trouve seulement, à côté de l’indication de la date des découvertes des diverses côtes de la Nouvelle Hollande et de leur nom – ces Terres aux toponymes hollandais – une représentation de la confrontation entre les Européens et les Aborigènes, des sauvages qui ont semblé les plus démunis de la Terre (fig. 4).