Un bilan critique de cette recherche et de ses éventuels prolongements

 

Cette recherche s’achève par une revue du contexte ayant conduit à la disparition, au cours des années 1960 à 1980, du champ de l’illustration littéraire. Nous justifions ainsi du titre donné à la conclusion de ce travail : « Les mécanismes d’une illusion ». Nous procédons ensuite à un bilan de cette thèse en reprenant ses principaux apports puis en procédant à un examen critique des méthodes utilisées et des résultats obtenus, dégageant ainsi de multiples voies pour de nouvelles recherches.

Dans le cadre de cet analyse critique, l’éventuel manque de fiabilité des structures de la littérature et de l’art proposées est notamment souligné en liaison avec le processus utilisé pour les bâtir. Les diverses voies envisageables pour remédier à ces carences sont évoquées. Un même regard en recul est porté sur les prolongements possibles de ce travail. Il est mis en avant que l’approche bourdieusienne déployée en dernière partie de cette thèse est opérante pour comprendre l’illustration de l’entre-deux-guerres parce que cette activité constituait, à la période considérée, un champ effectivement autonome – aux yeux de ses acteurs et de son public – et surtout très contrasté, avec notamment l’existence d’un pôle académique fort. Cette même approche pourrait s’avérer inadaptée pour d’autres époques ou pour l’analyse d’autres activités dès lors que ces deux conditions ne sont pas réunies. Cette recherche, par ailleurs, a été pensée en tant qu’un essai d’appréhension scientifique d’une pratique culturelle avec, dès les premières parties, un raisonnement en termes d’objets étudiés, de propriétés pertinentes de ces objets, de facteurs à l’œuvre et de modèle reliant les unes aux autres. L’usage de ce même regard scientifique est évidemment pensable pour aborder d’autres activités culturelles, indépendamment d’ailleurs de tout recours aux théories de Bourdieu. Toutefois, l’attention est attirée, pour une telle entreprise, sur les limites conceptuelles et techniques des outils d’analyse et de modélisation mobilisés dans cette thèse du fait de leur caractère réducteur et déterministe. Il y aurait donc lieu d’explorer d’autres bases théoriques mieux à même d’appréhender des situations complexes et indéterminées telles qu’elles peuvent être observées dans une activité de création. Une suggestion en ce sens est évoquée en conclusion.

 

Trois lectures possibles de cette thèse

 

Trois lectures, disjointes ou simultanées, de cette thèse sont possibles. Une première, essentiellement documentaire, considèrerait ce travail en tant qu’une contribution à l’histoire de l’édition, en l’occurrence illustrée. Elle s’intéresserait principalement à la collecte des faits concernant les trois œuvres éditoriales étudiées, telle que présentée dans les parties initiales de cette recherche. Une seconde lecture se centrerait sur l’appréhension bourdieusienne de l’illustration dans son ensemble déployée en quatrième partie. L’examen détaillé des trois corpus présenté au préalable apparaîtrait alors comme une étape préparatoire à l’établissement du modèle de l’activité, l’élément-clé de cette dernière partie. Une troisième lecture potentielle se focaliserait sur les méthodes utilisées ou développées dans ce travail. Celles-ci irriguent en effet cette recherche, qu’elles relèvent d’une approche historique classique, de l’histoire culturelle, de la théorie de l’illustration ou de la théorie des champs. Cette lecture s’emploierait alors à évaluer, avec un regard critique, les choix et les développements méthodologiques effectués ainsi que, plus généralement, la tentative que représente cette thèse d’appréhender de manière scientifique une activité de création.

 

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