Dresser le portrait de pays d’ailleurs
par les contes, la collection « Contes
d’orient et d’Occident »
Entretien avec Saad Bouri

- Laurence Le Guen
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Fig. 1. Anonyme et N. de Molènes, Contes
de Fèz
, 1998

Fig. 2. E. Cantala et M. Legrand, Contes
roumains du Maramureş
, 2018

Pour clore ce dossier, nous tentons d’appréhender quelles représentations d’un pays offre son patrimoine oral, quelles images sont élaborées par les pays eux-mêmes lors de la transmission des contes traditionnels. Si les contes utilisent des motifs et évoquent des problèmes communs à toute l’humanité, ils donnent aussi à lire les particularités locales, l’imaginaire des habitants d’un pays, façonné par la nature, un langage et une culture partagés.

Nombre d’éditeurs accueillent au sein de leur production des collections des contes patrimoniaux d’ici ou d’ailleurs, sous la forme de recueils de plusieurs contes ou d’un ouvrage dédié à un conte, favorisant ainsi le dialogue interculturel ou le développement d’une vision pluraliste du monde. Les éditions Nathan ont lancé dès les années 1930 leur collection « Contes et légendes de tous les pays » qui accueille des titres aussi divers que les Contes et légendes du Japon (1960), Contes et légendes de Flandre (1968), Contes et légendes de Bulgarie (1955), la maison Hachette accueille la collection « Contes de tous les pays »,  où l’on trouve les Contes de Belgique (1979), des Contes russes (1960), des Contes de Chine (1977)… Certaines maisons d’édition spécialisées en littérature jeunesse se sont fait une spécialité de publier « des textes du monde entier pour faire découvrir de nouveaux horizons aux enfants et aux adultes » comme l’indique sur leur site les éditions du Jasmin. Saad Bouri, leur directeur, nous présente la collection « Contes d’Orient et d’Occident ».

 

Laurence Le Guen — Quelle est la ligne éditoriale des Editions du Jasmin ?

 

Saad Bouri — Les Editions du Jasmin, maison d’édition indépendante, ont été créés en 1997. Lorsque je suis devenu père, j’ai eu envie que mon enfant ait la possibilité de découvrir ma langue et ma culture d’origine – je suis marocain – par le biais notamment des livres. Il en existait peu et ils étaient souvent de qualité médiocre. L’idée est donc venue de créer et développer une maison d’édition qui pourrait palier à ce manque. Nous avons d’abord publié des livres bilingues, français-arabe, pour la toute petite enfance. Le succès s’installant, nous avons élargi notre catalogue, en nous diversifiant pour aborder différents genres littéraires et en nous adressant à des publics divers. Notre ligne éditoriale s’articule autour de deux principes, deux orientations principales, faire découvrir les cultures du monde entier et traiter de sujets très divers, propres à élargir l’horizon des lecteurs.

 

LLG. – Comment est née la collection « Contes d’orient et d’occident » ?

 

SB. – Nous avons d’abord publié trois contes, un recueil de contes berbères, un conte orientaliste de Charles Nodier Les quatre Talismans et un recueil de contes de Fèz collectés au début du XXe siècle et publiés en 1926*. Ces trois premiers ouvrages s’adressaient aux bons lecteurs, adultes et enfants, car ils ont beaucoup de textes et sont légèrement illustrés. Par la suite nous avons développé une collection d’albums pour les plus jeunes qui accueille des contes africains, de Sierra Leone, du Botswana, et même un conte breton La Fille du conte Guillaume le mal peigné. Certains sont bilingues.

Les contes de Berbérie et les contes de Fèz de la collection « Contes d’orient et d’occident » ont été suivis d’une quinzaine d’autres titres dont des contes de Grèce, des contes de Roumanie, du Japon, d’Inde et même des contes argentins.

 

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