Résumé
Pour une littérature autographique :
de la bande dessinée au livre manuscrit
- Hélène Martinelli
Français : L’objectif de cet article est de circonscrire l’autographie en se penchant sur la révolution dans la reproduction des images au XIXe siècle et la façon dont elle a bouleversé la hiérarchie des signes. Originellement, l’autographie est une technique d’impression à plat, dérivée de la lithographie et impliquant un papier report. Rodolphe Töpffer est le premier à l’avoir utilisée pour ses morceaux de « littérature graphique », jouissant de la possibilité d’être reproduit sans sacrifier l’écriture manuscrite et la liberté du trait dessiné. Dans le champ de la bande dessinée, il a depuis longtemps été établi que la « graphiation » (d’après le terme de Philippe Marion) n’est pas seulement la signature graphique du créateur, mais peut aussi supplanter les enjeux de narration et de représentation, y compris d’autoreprésentation. D’où la nécessité d’évaluer comment la ligne individuelle, un des aspects du « paradigme autographique » selon Philippe Kaenel, peut être considérée comme une sorte d’autoportrait en littérature manuscrite – par exemple dans les œuvres de Töpffer, Carroll, Kubin, Lasker-Schüler ou Dubuffet.
Mots-clés : autographie, autobiographie, écriture manuscrite, autoreprésentation, illustration
English: The objective of this article is to describe the outlines of what is known as “autographic”, by focusing on the revolution of image printing in the 19th century and the way it challenged the hierarchy of the signs. Originally, autography is a lithograph-like flat stone-printing technique involving a transfer paper. Rodolphe Töpffer first used it for his pieces of “graphic literature” thanks to its possibility of being reproduced without losing the handwriting and free style drawing. In comics studies, it was soon established that “graphiation” (according to Philippe Marion’s term) is not only the graphic signature of the creator, but that it can also supersed issues of narration and representation, including self-representation. Hence the necessity of evaluating how the individual line, an aspect of Philippe Kaenel’s “autographic paradigm”, can be considered as a kind of self-portrait in handwritten literature as well – for example in the works of Töpffer, Carroll, Kubin, Lasker-Schüler or Dubuffet.
Keywords: autography, autobiography, handwriting, self-representation, illustration