Résumé

Français : Cet article examine les fonctions narratives et les effets de l’utilisation de formules mathématiques dans deux autobiographies de mathématiciens contemporains. La présence de l’écriture mathématique y est présentée comme une part essentielle du récit de soi, dans la mesure où elle constitue le matériau que l’auteur manipule chaque jour, l’une de ses langues. Cependant, le lecteur du récit est souvent loin de pouvoir en comprendre le sens. En fonction de sa compétence mathématique, ces passages relèveront donc de l’écriture (de l’ordre du lisible) ou d’un mode de fonctionnement qui se rapproche de l’image (de l’ordre du visible) : la formule se donne à voir ainsi dans sa dimension purement graphique voire esthétique, participant d’une manière spécifique à l’élaboration d’une certaine image de soi.
Mots-clés : formules, mathématiques, hétérolinguisme, Laurent Schwartz, Edward Frenkel

 

English: This paper focuses on two autobiographies of contemporary mathematicians using mathematical formulas, in order to analyze their narrative functions and the reading effects they provoke. Mathematical writing is presented as an essential part of the self-narrative: it is the material that the author manipulates every day, one of his languages. However, the reader is often far from being able to understand its meaning. Depending on his mathematical competence, these passages will therefore be part of writing (readable) or of a mode of operation that comes close to the image (visible): the formula is thus shown in its purely graphic or even aesthetic dimension, participating in a specific way in the elaboration of a certain self-image.
Keywords: formulas, mathematics, heterolingualism, Laurent Schwartz, Edward Frenkel

 

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