« Peut-on encore croire au monde tant la condition habituelle de cette croyance s’est effondrée ? Toute occurrence de la vie a tendance à nous apparaître aujourd’hui pour ce qu’elle est – un cliché. Nous oscillons entre le déjà-vu et l’événement nu, car nous ne savons pas faire autrement que de continuer à pratiquer ces schèmes qui n’assurent pourtant plus leur fonction.
Savons-nous accorder de la réalité aux événements comme tels, indépendamment d’un plan d’avenir qui leur assigne un degré et une signification ou d’un jugement rétrospectif qui les évalue d’après leurs débouchés ? On veut toujours qu’un événement ait une fin, alors qu’il s’agit d’abord d’une rupture, d’une mutation de la perception collective. Croire au monde, c’est donc croire à la réalité de ses ruptures internes, voir comment l’événement se perpétue, balbutie, se met en suspens dans la rupture majeure qu’il crée. »
François Zourabichvili

« Le sens d’une question, c’est la méthode pour y répondre. »
Ludwig Wittgenstein